La corruption des journalistes est un phénomène très répandu dans de nombreux pays en développement, notamment en RDC. Cette pratique est communément appelée «coupage». Pour certains journalistes, il ne s’agit que d’une indemnité pour frais de transports, pour d’autres c’est un salaire perçu à la source faute de rémunération par l’employeur.
Rares sont les médias qui interdisent la pratique et sont capables d’offrir un salaire décent à leurs journalistes. Le coupage devient donc un système généralisé au terme duquel les journalistes ne font eux-mêmes plus la différence entre information (gratuite, souveraine) et communication (payante, répétitive). La déontologie, principe de base régissant la profession, disparaît au fond des oubliettes.
Les convocations aux conférences de presse deviennent donc des rendez-vous incontournables pour les journalistes qui trouveront à coup sûr de quoi arrondir leurs fins de mois. Et si le commanditaire alourdi l’enveloppe et demande «une large diffusion» du message, c’est une campagne de publicité qui échappe à tout contrôle et qui se retrouve à l’antenne propulsée au milieu des journaux d’informations. L’argent emprunte donc un circuit parallèle, sans transiter par la comptabilité du média.
Ce problème majeur est dénoncé dans un nouveau rapport publié par le Center for International Media Assistance (CIMA) « Du cash pour un reportage : corruption des journalistes à travers le monde ».
Le rapport indique que ce problème doit être combattu en favorisant la transparence des médias, en examinant les politiques de rémunération pour les journalistes et en encourageant la politique de tolérance zéro.
Lors de formations que nous déployons pour la Fondation Hirondelle auprès des radios communautaires en RDC, ce problème est traité en préambule. La distinction entre information et publicité fait l’objet de longs échanges, éclairages et explications. Ce sujet fait maintenant partie intégrante de la charte et du code publicitaire des radios partenaires de la Fondation Hirondelle.
Parmi les solutions que je préconise :
- La distinction entre information et communication (publicité) doit être enseignée et imposée à tous les collaborateurs de la station (en particulier aux managers, administratifs et journalistes).
- La rémunération des journalistes (et du personnel en général) doit provenir exclusivement de salaires ou primes versées par la comptabilité. Plus personne ne doit «se payer sur la bête».
- L’organisation d’un service commercial dédié doit gérer les questions commerciales et les flux d’argent qui doivent exclusivement alimenter la comptabilité de l’entreprise. Les tarifs et conditions doivent être transparents.
- Une sensibilisation doit être déployée en direction des acteurs diffuseurs d’informations (Institutions, ONGs, autorités, annonceurs, agences…) afin de les convaincre de ne plus alimenter le système et de respecter une éthique stricte.
Téléchargez le rapport CIMA, cimabriberyofjournalistsreport.pdf